• Mon père s'en est allé..

    Mon père s'en est allé..

    Mon père s'en est allé par les bois et les chemins..
    Sous la pluie,le vent,il avance dans ce paysage océanique.
    Son visage buriné,ses cheveux noirs devenus blancs,comme sa moustache ,
    sa silhouette d'homme âgé ,qui marche inlassablement pour ne pas s’effondrer, me manquent,.
    le "raposo"(le renard),est parti sans nous dire : Adieu.
    Cet homme qui aimait séduire ,a choisi ma mère pour "la vie".
    Il est allé rejoindre son Isabel,sa "zèbel" comme il la surnommait.
    Dans un lit d'hôpital ,seul,il s'est laissé mourir.
    Il voulait tant partir.

    Petit berger aux pieds nus,il arpentait les collines ,avec son troupeau.
    Il n'allait pas beaucoup à l'école ,il fallait survivre.
    Il était le cadet de 5 enfants.
    Son père avait agonisé lentement ,après avoir inhalé ,depuis sa plus tendre enfance ,la poussière ,de la mine de tungstène ,de Lousadela.Il était si petit ,sans défense quand il est devenu orphelin.

    Mon père était un bel homme ,malgré un méningite qui avait laissé son emprunte sur son corps..Il aimait les filles ,la danse,les soirée entre copains.
    "Gare au loup ":disait il.
    Il les avait côtoyé durant sa jeunesse.Il avait eu peur.
    Les loups ont disparu du paysage local.
    Mon père a continué d'avoir peur.
    Peur du progrès,peur de l’émancipation des femmes,de la révolution des mœurs...

    Mon père est resté un immigré ,en France.
    Un immigré qui rêvait d'un retour  dans sa maison, dans son pays.
    Alors même que sa femme ,ses enfants n'avaient qu'un désir rester ici.
    A la retraite,il est reparti là bas .Son jardin était plein de légumes et d'arbres fruitiers.
    Il y a vécu une période heureuse ,paisible.
    La maladie ,l'a fait revenir.Sa femme est morte d'un cancer.Il a erré comme une âme en peine dés lors.

    Un jour, il a interpelé mon fils .Il lui a dit :"Toi qui sais tout ,c' est ou la fin du monde ?"
    Il pensait que la terre était plate.Nous n'avons jamais réussi à le convaincre qu'elle était ronde. Il est resté un illettré ,un simple ,plein de contradictions,de superstitions,de croyances d'un autre temps ,qu'on avait bousculé.

    "O raposo " est mort.
    Je pleure ,papa.
    Je sais que tu nous aimais.
    Repose en paix ,auprès de maman.
    Finalement tu as choisi de rester ici,près de nous,en France.

    Clarita.


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  • - "Je voudrais que ma fille s'occupe de moi.
    Elle est loin.Elle a des soucis,des responsabilités."
    -"Je me sent si seul"
    -"J'ai aidé tant de gens.Maintenant ,il n'y a plus personne,pour  moi.Pourquoi  ?"
    -"Qu'ai je fait pour mériter ça ?"
    Quelle détresse !
    Il ne voulait pas être une charge .Il voulait rester autonome, autant que possible.
    Les larmes au bord des yeux,ses mains tremblent.
    Le corps amaigri,vouté,dénutri,il implore une présence amie.
    C'est la solitude d'un vieux,malade,qui perd pied,qui part à la dérive.
    Les souvenirs surgissent :le temps de l'enfance,protégée par des parents aimants,de l'insouciance.
    C'était il y a si longtemps...
    Le présent se dérobe.
    Le néant peu à peu efface les pensées,la logique,le raisonnement..
    La nuit, les angoisses,les peurs amplifient son désarrois.
    Le délabrement physique ,psychique progresse .
    La mort rode,elle l'effleure,il   la sent prête à l’agripper.
    La peur de ne plus rien gérer,d'oublier les apprentissages les plus basiques,le fonctionnement du moindre objet,le terrorise.
    Tout devient anxiogène,insurmontable.
    Les gémissements résonnent dans le silence et se fracassent contre les murs.
    A qui appartient ces cris ,ces larmes ?
    Le noir englouti tout.
    La détresse ,les émotions de l’enfant  qu'il a été, sont de plus en plus vivaces.
    Est ce un cauchemar ?
    Seul ,fantôme abandonné d'une maison vide ,il tourne en rond,dans le vide,angoissé.
    Les escaliers craquent,les portes claquent.

    Le vent ,la pluie ,le soleil,la lune,le jour ,la nuit se mélangent en un kaléidoscope ,sans suite logique.
    L’atmosphère suinte l'abandon,l'absence d’entretien,le désordre,les restes d'une ancienne vie ,riche, de rencontre,de voyage,de culture,d'engagement.
    Qui est cet inconnu ,ce vieillard décharné,dans le miroir?
    Il a les yeux d'un fou, ahurit d'être là.
    J'ai peur.Si peur.Que m'arrive t'il?
    Le décors se désagrège ,se délite.Tout est gris,vieillot,humide.
    Qui sont toutes ces personnes sur les photos ?
    J'ai froid,j'ai faim ,j'ai soif..
    Il n'y a pas âme qui vive ici,pour écouter ses litanies.
    Son corps ne lui obéit plus.Il se cramponne des ses mains ridées ,diaphanes.
    Il vacille,la terre tangue.
    Il implore de l'aide,de la compagnie,de la compassion,de la tendresse,un peu d'humanité.
    Il arrive encore à dire : "maman".
    La dégénérescence va lui enlève les mots,la parole,la marche
    Que restera t'il ?
    Un corps vide,une loque dans un lit blanc.
    Un esprit vidé de sa substance,de ses acquis,de sa vie.
    La maladie lui a tout volé.
    Il reste immobile,sidéré,sans réaction aux stimulations.
    Son regard vide ne brillera plus,ne s'allumera plus.
    Son cœur épuisé cédera,s’arrêtera de battre en rythme sinusal.
    La faucheuse un jour, lui prendra son dernier souffle.

    Pourtant ,il avait été beau  ,sportif,séducteur,intelligent,si longtemps.
    Il avait collectionné les femmes,les avait épinglé sur papier glacé.
    Il ne reste que quelques  photos ,quelques écrits,des interviews..une maison de famille vide de ces enfants,de ces petits enfants ,des drames ,des bonheurs qui s'y sont déroulés.
    Sa folle énergie,sa présence,son rire ,sa voix,ses mains sur mon corps..tout est parti en fumée.

    Clarita.


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  • La réalité n'est qu'un rêve,qui nous enferme hors de la vrai vie.
    On rêve notre vie,en la vivant dans notre tête,par un monologue stérile(on se fait les questions et les réponses ,en permanence).
    Nous entretenons un enfer émotionnel ,nous vivons  dans un asile psychiatrique.
    Nous sommes sous l'emprise de notre mental,par un bavardage intérieur effréné.
    La réalité du dehors n'est que le miroir de nos projections personnelles.
    L'esprit humain souffre d'une maladie : la peur.
    On subit des notre enfance une domestication .Pour plaire à nos parents,on se juge sans arrêt.On recherche la perfection qu'on n'atteindra jamais.On se déclare coupable,on se punit  .On n'est pas assez ceci ou cela.On se maltraite.
    On crée des drames ,des guerres de pouvoir,de la peur,de l’égoïsme,du manque de respect...
    Pour mieux vivre en accord avec soit et avec les autres ,voici quelques réglés à suivre.
    Elles ne sont pas aussi simples qu'elles paraissent l'être.Il faut s'entrainer.

    Voici les 4 accords Toltèques.

    ->Ne pas faire des évènements extérieurs une affaire personnelle.
    ->Veiller à avoir "une parole impeccable".
    ->Ne pas faire de suppositions.
    ->Faire toujours de son mieux,maintenant.

    On tente de vivre intensément le présent.
    On a le pouvoir de créer notre vie ,de l'améliorer sans rechercher la perfection.
    De faire de son mieux pour nous , pour les autres.
    Faire avec plaisir,les tâches qui se présentent,sans les reporter au lendemain.
    Aimer,sans vouloir changer l'autre,sans attente,sans obligation,avec respect..
    Nous sommes la vie .Nous sommes universel.
    Je suis  responsable de mon bonheur,de mon amour.

    Texte écrit d’après le livre de Miguel Ruiz, "La maitrise de l'amour".


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  •  C'est l'été,derrière les volets,
    on vit en vase clos.
    En découpant ,le gâteau,
    à la noix de coco,avec un grand couteau,
    à l'heure du goûter,une pensée m'a traversé l'esprit.

    Il y a 2 ans,avec ce grand couteau,
    j'ai tranché,sans avis médical,
    le cordon ombilical,qui me reliait à mes parents.
    Il y a eu ma vie avant et ma vie après ,cet acte sanglant.

    Avec ce grand couteau,j'ai projeté mes sentiments,
    sur mes enfants.
    Ils se sont éloignés de leur grands parents.
    Mon mari,a applaudit et m'a reconquit.
    Il en rit encore ,maintenant.

    Aujourd'hui,je coupe,avec le grand couteau,
    le gigot aux haricots .
    Demain,je ferais,c'est certain,un gâteau aux raisins.
    Fini,les pépins,je vis en harmonie avec mes contemporains.

    Le grand couteau ne sert plus à rien.
    Il attend sagement dans le placard ,pour couper le pain quotidien.
    Il est affuté,et brille dans son écrin d'airain,dans les entrailles,de ma cuisine pleine de chaleur , de mets et de vins divins.

    Le 05/08/2005.
    Clarita

     

     

     


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