la mort fait partie de la vie.C'est inévitable.On nait pour mourir un jour.
la mort est discrète ,elle est rarement spectaculaire.
Elle arrive souvent dans l’indifférence ,des milieux hospitaliers.
La famille n'est pas souvent présente.Un coup de fil annonce ,la triste nouvelle,aux proches.
J'ai vu tant et tant de visages livides,de marbre,des regards fixes,vides , ou l' étincelle de la vie a disparu à jamais.
J'ai vu des corps  chauds,cireux ,marbrés gagnés par la rigidité cadavérique,
qui deviennent lourds, froids,qui se vident de leur fluides.
C'est un organisme qui s’arrête définitivement de  fonctionner ,qui se décompose inexorablement.
C'est l'arrêt de tout les organes : cardiaque ,respiratoire,cérébral...
La mort devient aseptisée .Les personnes sont sédatées,pour la plus part,inconsciente quand la mort les surprend.
Certains refusent l'idée de la mort ,c'est une grande souffrance psychologique.La peur est omniprésente.
D'autres la réclament à corps et à cris,ne  pouvant plus supporter cette vie terrestre.Ils partent  soulagés,heureux d'en finir ici bas,avec cette vie d'épreuves constantes de drames,de souffrances,de larmes.
D'autres sont sereins,calmes,apaisés.Ils l'attendent sans luttes,lâchant prise,sachant que toute rébellion ne sert à rien sauf à  rendre l'agonie ,le passage dans l’au-delà plus difficile.
D'autres mettent leur vie entre les mains de dieux,rassurés d'aller vers un paradis miséricordieux,ou  on les accueillera avec bienveillance ou ils retrouvent ceux qui sont déjà partis.
La mort c'est l'inconnu,le vide,le néant absolu ,la disparition sans explication .
C'est un rapt tragique, de la mort qui domine la vie.
On ne choisit pas toujours le lieu,le moment de sa mort.Elle nous prend par surprise.
C'est un départ définitif.
On laisse cette enveloppe corporelle,qui s’ auto détruit .
La faucheuse n'a pas de lois,de logique,de justice,de sentiment.
Pour l'athée que je suis, la mort est un sommeil profond, dont on ne se réveille jamais.
Certains pensent que la mort est un passage d'une vie à l'autre,que l'âme est immortelle...
Aucun mort n'est venu nous raconter s'il y avait une vie après la mort.
la mort c'est l'extinction du vivant sans jugement,sans paradis ni enfer.
le Karma et son cycle perpétuel,de réincarnations ,est rassurant pour les croyants.
Avons nous un destin tracé ? Je l'ignore .
Je pense que nous décidons de notre mort ,de manière  inconsciente.
Nous attendons de dire au-revoir aux proches,aux personnes que l'on aime ,quand c'est possible ,avant de tirer sa révérence et de partir seul vers l'inconnu..
la mort est inscrite dans nos gènes,parait il !
On doit un profond respect à nos défunts,qui ne peuvent plus se défendre.
ils ont vécu sur terre,ils ont fait un bout de chemin avec nous.
Ils retournent à la poussière ou accèdent à une vie céleste .
Moi ,je suis ignorante.
Je ne sais rien.
Je ressens un chagrin profond ,immense ,un manque,un gouffre que rien ne comble.
La vie ne ressemble plus à rien,son paysage est altéré,gris ,sans saveur.
Je me noie dans mes larmes qui coulent sans fin, dans des cris silencieux qui n'en finissent pas de résonner.
Mes souvenirs me hantent,me sautent au visage sans crier gare.Je ne les maitrisent pas.
La personne morte est omniprésente dans ma tête.
Elle me laisse  des moments de répit ,quand je suis avec d'autres,ou distraite par le travail.
Je cache mon désespoir.Je fais bonne figure,je met un masque souriant en société.
Je subis ce deuil de plein fouet Je me laisse aller à ma douleur ,sans lutter,quand je suis seule.
Mes yeux bouffis ,mon visage gonflé ,mes cernes trahissent ma peine.
Je suis épuisée par toutes ces émotions qui me submergent,de faire et refaire des marches arrières dans le passé.
Je parle,je discute avec mes morts qui restent mués,de marbre,absent à tout ce cahot ,qu'ils provoquent .
Je peux tout leur dire tout ce que je veux ,ils ne viendront pas me contrarier.
Je ne possède que mes souvenirs et quelques photos à quoi me raccrocher,qui prouvent qu'ils ont bien fait partie de ma vie,qu'ils ont vécu sur cette planète tant bien que mal.
Ils nous ont aimé et on continue de les aimer en retour.

Adieu mes ami(e)s ,mes amours.
Clara.

Les bons, les tendres papas,qui chérissent leur enfants,on les aime.
Mes enfants n'ont pas eu cette chance .
Alors quand ,j'en rencontre un ,je voudrai le serrer contre mon cœur.
Un enfant a besoin ,d'un contre poids à la mère toute puissante,
d'un père qui le détache ,d'une mère surinvestie,qui ne voit plus que son enfant.
Mon papa ,je l'ai tellement aimé ,enfant ,que toute séparation était vécu comme un abandon,une déchirure.
Un grave accident ,avec des mois et des mois d'hospitalisation ,sans le voir et sachant qu'il était entre la vie et la mort , m'a inconsciemment entrainé vers un métier médical.
Mon père, mon héros ,à qui je ressemblais selon certains,était fier de mon caractère rebelle.
J'étais celle qu'il voulait que je sois ,intrépide,tenace,maligne,courageuse.
Sans lui j’étais une petite souris, timide,rougissante,qui se cachait,qui n'osait rien dire,ni faire,qui observait le monde,les codes,les comportements .
Je n'avais rien intégré,vivant seule avec ma mère,dans un petit village coupé de toute modernité.
J'étais déracinée ,étrangère à ce monde nouveau, que je ne comprenais pas .
Des que l'on montait le ton, qu'on me grondait ,je pleurais.
Je n'étais qu'émotion ,frustrations ,solitude.
Je n'avais que mes larmes pour attendrir les adultes.
J'avais un visage très expressif.J'étais une petite fille potelée,qui à la naissance de mon frère est passée au second plan.J'étais très tenace,j'obtenais souvent ce que je voulais.A force d'observer ,je savais comment m'y prendre,j'étais fine tacticienne.
Mon père m'adorait et je me liguait avec lui contre ma mère dont j'étais jalouse(un vrai complexe d’œdipe).
A  l'adolescence ,mon père est tombé de son piédestal .
J'étais dans la rébellion ,je m’éloignais  de ses idées sur les femmes soumises ,de patriarche  macho .
j'étais l'ainée,je ne supportais plus de subir des idées ,des croyance d'un autre temps.
Notre relation était faite d’affrontements ,j'étais trop libre ,trop indépendante.
Pourtant ,il était fière de moi.
Mon premier amour ,je l'ai quitté,il ressemblait trop à mon père.
Mon père était un homme blessé par la vie,sans instruction,orphelin de père..
Il n'était pas en capacité d'évoluer,il s'accrochait au passé ,c'était une obsession pour lui.
Il ne souhaitais plus vivre après le décès de ma mère :Isabel ,d'un cancer.
Il est décédé , il y a quelques mois .
Je n'ai pas réussi à trouver "un bon" père pour mes enfants.
Aucun n'a participé à la vie de ses enfants.

J'aurais aimé rencontrer Patrick plus tôt,c'était un super papa.
Ses enfants étaient tout pour lui.c'était sa priorité ,et je l'en aimais davantage pour cette raison.
Il avait  un bon contact avec mes enfants,mais surtout avec ma petite fille qui lui a demandé un jour: "tu es mon papy,Patrick ?
"Hélas ,non" lui a t'il répondu et il lui a raconté une belle histoire de Toni Ungerer.
Il savait comment s'y prendre avec les enfants en bas âge. Il avait été instituteur.
Lui même avait des relations père/fille assez tumultueuses ,pourtant ils s'adoraient tout les deux.
Les pères ,on les aime,il nous sortent du giron de nos mères.
C'est grâce à leur amour qu'on prend confiance en la vie.
On les recherche ,inconsciemment, dans tout les hommes qui traversent nos vies.

A mon père Manuel et Patrick .
Deux hommes que tout opposait,mais que j'aimais.

Clara.

Ces dernières années j'ai perdu beaucoup d'êtres aimés.
Mes grands mères bien aimées,mon grand père,ma tante,des collègues et ami(e)s,un cousin,mes parents,mon cher aumônier,Patrick...
Plusieurs sont décédés de cancers :Antonia,Bertrand,Isabel,Béatrice,Michel,Patrick..
Des deuils j'en ai vécu.En avançant en âge, j'en vivrai d'autant plus que je vivrai longtemps.
Ils sont en moi et m'accompagnent dans ma vie de tout les jours.
Tant que je serai là,sur cette terre, bien vivante,ma mémoire les fera revivre.

Je sais que le temps qui passe effeuille les souvenirs ,les rendent ténus ,fragiles,distordus.
 Parler d'eux avec ceux qui les ont aimé ,c'est raviver nos souvenirs,c'est découvrir d'autres facettes de leur personnalité.Cela atténue notre souffrance .On est dans la joie de semer et récolter des pépites ,des anecdotes de leur vie ,d'en rire ,de pleurer parfois.
Merci  pour ces moments de grâce ,ces moments d’échanges ,de partages.
Plus rien ne compte que ce lien qui nous unis à eux.
Nous formons des familles recomposées :d'éléments disparates ,qui se soutiennent envers et contre tout.
Nous avançons fières de les avoir rencontrer,d'avoir fait un bout de chemin avec eux.
Nous avons eu la chance de les avoir aimé et d'avoir été aimé par eux.
Je ne sais rien de ce qui nous attend après la mort.
Nous retournons poussière ,dans le néant infini de la matière.
Je respecte toutes les croyances qui permettent  d'espérer des lendemains de retrouvailles ,des réincarnations ,des paradis de paix ,d'amour..
Vivons ,c'est la seule chose à faire.
Vivons,car nous n'avons qu'une vie.
Elle est brève.
Qu'elle soit faite de rencontres enrichissantes.
Qu'elle soit intense ,joyeuse,en accord avec les valeurs qui nous sont propres.
Aimons encore et encore,car la vie est amour.
Vous êtes mes nourritures terrestre .
Répétons  à tout ceux que l'on chéri : "je vous aime d'un amour profond,inconditionnel,indéfectible,indestructible."
Aimer : c'est ma seule et unique raison de vivre .
C'est un phare qui luit dans le brouillard et la tempête,qui éclaire ma route.

Clara.

En 2020, tu es fait :illustre grand commandeur de l'aigle blanc et noir,grand élu Kadosh.

Pour moi qui n'y connais rien ,c'est l’occasion de faire quelques recherches.
Tu fais parti du  Grand orient de France  ,qui utilise le rite écossais ancien et accepté(REAA),qui comporte 33 degrés (l'âge du christ,quand il est décédé ?).

Ton grade ,le 30 ème,te doit d'être fidèle à toi-même,de défendre ce qui est juste et bon,dans nos vie, aujourd'hui.
Le but est de faire progresser la société ,mais aussi d'accompagner à  un cheminement spirituel ,moral et philosophique personnel.
Kadosh :signifie en hébreu :sacré ou consacré.

C'était pour toi une 2 ème famille : des frères et des sœurs, qui s'entraident ,se soutiennent.
Je comprend qu'en étant seul avec tes enfants et poursuivant  la tradition familiale ,tu te sois engagé dans la franc maçonnerie.Tu recherchais constamment la reconnaissance paternel que tu n'avais pas eu.

Même ,après le décès de ton père ,tu voulais lui prouver que tu irais loin ,qu'il pouvait être fière de toi.
Tu cumulais beaucoup de responsabilités.Tu étais fatigué.
La maladie a été une échappatoire,ton corps a dit stop.
Pourtant, tu avais soif de vivre,et pleins de projets à réaliser.

La symbolique de "L'aigle blanc et noir" .
C'est un visionnaire,qui développe son intuition ,qui prend du recul,de la hauteur..
C'est un puissant observateur,qui se concentre sur les tâches à accomplir.
Il est le messager entre le ciel et  la terre (la mort et la vie) .
Il  atteint des hauteurs inaccessibles ,il est au dessus des contingences matérielles.

As tu trouver la sérénité ,le calme ,la sagesse,l'équilibre ,Patrick ,avant de partir planer au dessus de nous ,pour guider nos pas ,dans la vie?

Dans la mythologie l'aigle tient la foudre dans ses serres,c'était l'oiseau céleste ,le messager de Jupiter(Zeus).
Symbole du père ,qui protège ses enfants.tu es pour tes enfants ,le père idéal.
C'est le roi des oiseaux,qui possède en lui une source spirituelle supérieure .
il représente un ange.
Il peut fixer le soleil,il a une perception de la lumière intellectuelle ,intérieur des êtres.
C'est un cœur pur,libre,agile,rapide ,ingénieux...
Tel le phénix tu te régénères..

Au final ,je n'ai trouvé que ce que mon cœur voulait voir dans tout ces symboles.
T'ai je idéalisé,Patrick ?
Tu étais un intellectuel ,plein de zones d'ombre,que je découvre encore aujourd'hui.


Clara

Ce soir ,dans la nuit douce ,je suis allée dans les rues.
Mon âme perdue,triste ,te parlait tout bas.
J'ai croisé des gens joyeux,qui riaient et moi je pleurai.
Mes pas m'ont conduit vers le lieu de notre 1 ère rencontre.
C'était lugubre,sombre ,sans cette animation,ces gens expressifs qui passent un bon moment de convivialité.
Les lumières éteintes,les barrières fermées à double tours, me narguaient.
Les illuminations des  façades,les inscriptions publicitaires n'existent plus.
C'est des pièces ,des dépôts vides,un magasin de peintures ,sans vie.
C’est là, que l'on s'est rencontré à l'ancien "Europub",un bar à bières.
C'est assez surprenant,tu appréciait tellement le bon vin !
Je me rappelle comme si c'était hier ,de mon regard sans surprise  sur toi.
De ta voix si particulière,de notre discussion sur la littérature,les polars ..
Tu  étais agnostique ,j'étais athée.
Nos orientations politique étaient similaires.
Tout semblait fluide ,nos sensibilités étaient identiques.

Avons nous parlé des acacias,à ce moment là ?
J'ai retrouvé un dessin et un texte sur "la branche d'acacias".
Ça représente l'espoir permanent d'être guidé et protégé par Dieu.
C'est un symbole de l'immortalité de l'âme ,qui  rappelle cette partie bienveillante et spirituelle en nous, qui ne peut jamais mourir.
Est ce une coïncidence ?

Tu m'as dit être documentaliste dans un collège.
Tu m'as avoué plus tard que  tu m'avais testé.Ce n'était pas ton vrai job.
Ton métier n'avait aucune importance pour moi,sauf celui de te convenir.
Sincère ,je voulais que tu saches que ma vie n'était pas facile,que je vivais un drame .
Ça n'a pas semblé te faire peur.
Avez le recul ,je comprend que tu connaissais un peu le sujet.
Tu étais directeur de SEGPA,Les ados en difficultés ,c'était ton rayon.

Un jour tu n'as fait une révélation :tu étais franc-maçon,comme ton père, avant toi.
Avec cette révélation,j'ai compris qu' un de mes anciens amis,l'était aussi.
Au moment de ton décès, tu avais un grade élevé  dans une des 9 loges du Grand Orient de France,rue Lapouble. à Pau .
Tu m'as convié plusieurs fois, dans ce temple ,lieu de réunions,de cérémonies,de débats,sous une voute étoilée .encadrée de symboles maçonniques.
C'était  mystérieux,pour l'ignorante que j'étais  !
J'ai très vite compris que c'était un fabuleux carnet d'adresse, de personnes influentes.
Un lieux de rencontres ,de brassage d'idées,d'éloquence,de recherches personnelles,ou on tentait de faire évoluer les mentalités,la société..avec des codes ,des règles.
Tu aimais croire que tu pouvais changer le monde,le rendre meilleur.
Tu étais fière de ces actions souterraines,dans l'ombre.
Tu cloisonnais ta vie de multiples facettes.

Durant nos soirées musicales et amoureuses,tu m'as ouvert un nouvel horizon de ta personnalité: ta passion pour le rock,les groupes de musiques ,les reprises...
Tes grands frères t'avaient fait partager leur découvertes musicales des ton plus jeune âge.
Tu étais un petit garçon fracassé par un accident de voiture.Sans ceinture de sécurité,tu étais passé à travers le pare brise.
Tu avais besoin de reconnaissance.
Chez toi ,c'était la compétition entre frangins .
Tu avais 10 ans de moins que l'aimé et 10 de plus que ton petit frère.
Cinq garçons turbulents, qui devaient impérativement réussir ,pour satisfaire aux exigences de leur père, proviseur de lycée.

Tout ça n'existe plus !
J'écris pour me souvenir ,pour  te garder encore un peu, auprès de moi.
Tu étais mon chéri, moi: ta chérie.
Parfois tu m'appelais tendrement "bijou".
Tu me racontais les blagues de "Manech ".
Je ne suis ni la mère de tes enfants ,ni celle qui t'a accompagné ces derniers mois.
En rompant avec moi ,tu m'as écarté de ta vie ,de ta maladie.
Tu m'as fait souffrir avec tes mails assassins.
Finalement tu m'as dit:"j'ai fait une énorme connerie."
Tu as voulu me reconquérir.
Tu m'as dit je t'aime,ne me quittes pas.
C'est la dernière fois que je t'ai vu.
Tu m'avais fait si mal qu'il m'était  impossible ,de faire marche arrière.
Ta plus longue , plus stable ,plus sensuelle histoire d'amour m'as tu dit.
Je n'ai que mes souvenirs et mes photos pour te faire revivre ,Patrick.
On n’efface pas ces 10 ans ,de bonheur.
Alors j'écris ,j'écris et j'écris encore.

Hommage à mon amour perdu :Fracas 64.
Clara.